mercredi 11 décembre 2013

Youtube et les droits d'auteur

Bien que j'avais prévu de poster une critique de "La Reine des Neiges" (critique terminée, il ne me reste qu'à la retranscrire), je reviens aujourd'hui pour vous parler d'un problème qui risque bien de secouer la toile dans les jours à venir.

et sa restriction créative
Certains d'entre vous en ont déjà peut-être entendu parler, mais YouTube est en train de rendre la vie vachement dur à plusieurs YouTubeurs tels que Dany Canigula, Le Joueur du Grenier (pour en citer deux qui se sont exprimés sur le sujet), et bien d'autres podcasteurs, gameurs, et j'en passe. Le soucis - qui selon moi couvait depuis longtemps - réside en trois mots : droits d'auteur. Plus exactement, il repose sur le partages des revenus des ayants droit, si je peux m'exprimer ainsi. En gros, YouTube sanctionne d'office tous les YouTubeurs qui utiliseraient des contenus ne leur appartenant pas, ce qui en sois est parfaitement louable, mais qui dans la pratique pose de grands problèmes. Je suppose que pour vous, ce n'est pas très clair, du coup je m'explique, comme je peux, parce que moi YouTube j'y connais pas grand chose (je m'y connais mieux en droits d'auteurs, paradoxalement).
D'après ce que j'ai compris de la vidéo de Dany Canigula (je vous y renvoie si vous voulez une bien meilleure explication que la mienne "Pourquoi Youtube bloque nos vidéos ? Quelles questions cela soulève ?"), jusqu'à hier, YouTube était divisé en deux : d'un côté l'utilisateur lambda qui postait ses vidéos de chat, de l'autre on retrouvait les networks et les chaines prénium, c'est-à-dire des chaines officielles. Les networks quant à eux sont composés de chaines partenaires de YouTube, proposant un contenu ludique, intéressant et original. C'est le cas de podcasteurs, gamers, critiques cinéma, etc. Pourquoi faire la différence ? Simplement parce que ces gens-là sont peu susceptibles d'héberger des musiques ou vidéos en toute illégalité, contrairement à l'utilisateur lambda qui, en règle générale, s'en balance. Ces chaines plus ou moins officielles bénéficiaient du même statut que les chaines prénium, à savoir qu'on leur foutait la paix en matière de contenu : tandis que toutes les autres vidéos lambda sont scannées par un robot qui détecte du contenu qui pourrait ne pas vous appartenir, ces chaines-là ne sont pas automatiquement scannées, ce qui leur laisse une plus grosse marge de manœuvre. Sauf que ça, c'était avant. Depuis hier, ces chaines-là sont également soumise au robot ravageur, ce qui entraine une démonétisation de leurs vidéos dans le meilleur des cas (il faut quand même se rendre compte que beaucoup de ces personnes vivent de leur passion, ce qui n'est déjà pas évident en temps normal, alors si en plus on les prive de leurs revenus ...), Youtube reverse alors les recettes aux "ayants droits" (c'est-à-dire les maisons de production en règle générale), et dans le pire des cas, Youtube bloque carrément le son de la vidéo. Pas franchement pratique.
Moi qui ne suis nullement Youtubeuse, en quoi cela m'interpelle-t-il ? Premièrement, et d'un point de vue parfaitement égoïste, je n'ai pas envie que ces chaines arrêtent leurs vidéos tout simplement parce que je suis une consommatrice assidue. Mais c'est surtout d'un point de vue éthique que tout cela me pose problème. L'existence de mon blog trahit sans doute l'une de mes raisons de vivre : l'écriture. J'écris depuis ma plus tendre enfance, j'ai fini mon premier roman, j'écris des contes pour tuer le temps. Si je sais une chose, c'est bien que lorsque l'on créée quelque chose, cette chose - que ce soit une musique, vidéo, histoire ou que-sais-je - devient notre bébé, une partie de notre âme que l'on surprotège autant que l'on peut. Devrais-je dès lors être d'accord avec la politique de Youtube ? Non. Car la création pure n'existe pas. Qui peut partir de rien, pour faire quelque chose ? Même un sculpteur a besoin de matière première pour créer (à moins de certain problèmes psychologiques, mais ça ce n'est pas mon domaine). Si je reprends les vidéos de Dany Caligula (oui, je l'aime beaucoup, mais ses vidéos sont très intéressantes, même pour illustrer mon propos), il fait de la philosophie, un concept parfaitement abstrait pour la plupart d'entre nous. Pour l'illustrer, il se sert donc d'extraits de films, qu'il ne manque jamais de citer, afin de rendre le contenu à la portée de tous. Je reconnais que même moi, s'il passait vingt minutes à nous parler du sens de la vie sans montrer quoique ce soit d'autre que sa tête, je passerais rapidement autre chose. S'approprie-t-il, en faisant ça, les droits d'autrui ? Bien sûr que non. Comme je l'ai dit, il ne manque jamais de citer ses sources, et quand bien même certains youtubeurs ne les citent pas automatiquement, jamais je n'en ai vu un se revendiquer auteur d'un contenu qui ne lui appartient pas. Pire, avec la nouvelle règle de Youtube, les recettes faites sur un contenu à 99% créé par un Youtubeur reviendra à une maison de production dont un extrait de trois secondes apparaît dans la vidéo, et ça ma p'tite dame, c'est du vol. Du coup, sous une façade purement légale et éthique, Youtube vole les créateurs de vidéos, des gens qui n'avaient déjà pas grand chose, et qui risquent de se retrouver sans rien, pour payer des multinationales qui croulent sous les dollars.
Cependant, bien qu'il s'agissent là d'accusations relativement lourdes à l'encontre du géant de la vidéo, ce n'est pas tout. Il est en effet judicieux de se poser une autre question, qui cette fois ne touche pas seulement le domaine de l'internet, mais des droits d'auteurs dans son ensemble. Si vous avez bien suivi, ceux qui s'en mettent plein les poches, ce sont les maisons de production. Youtube n'est sans doute pas en reste non plus, ma foi, leurs lobbys économiques ne regardent qu'eux. Malgré tout, quand on écoute une chanson par exemple, est-ce un chanteur ou une maison de production que l'on écoute ? Qui s'est déjà dit "Oh, cette chanson de [maison de disque] est très bien !" ? Les maisons de production s'en mettent plein les poches au détriment du youtubeur mais aussi à celui de l'artiste. Ce n'est malheureusement pas un problème qui se cantonne au monde informatique, mais un lobby dangereux qui pourrait bientôt avoir de désastreuses conséquences si on y prête pas attention. Et malheureusement, le commun des mortels n'y prêtent pas attention, puisqu'ils n'en ont pas connaissance. Il faut bien se rendre compte que ce que reçoit un artiste sur son travail est dérisoire par rapport au bénéfice que se fait sa maison de production. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle beaucoup de chanteurs, acteurs ou que-sais-je se rabattent sur les produits dérivés. Je pense notamment au parfum de Justin Bieber que je vois à chaque fois que je vais au centre commercial. À titre d'exemple, lorsqu'un écrivain publie un livre, il reçoit en moyenne 20 à 30% des bénéfices (ça s'arrange avec les ventes par internet où le meilleur taux que j'ai vu était de 70% mais quand même). Je comprends qu'il faille payer tout le petit monde travaillant dans le monde de l'édition, à savoir les traducteurs, les porte-paroles, les managers, etc. Cependant, se faire 80% de bénéfice sur une œuvre qui ne vous appartient pas, j'appelle ça une grosse arnaque. Et c'est malheureusement la seule façon pour un écrivain d'être publié : se faire arnaquer. Je parle de l'écriture car il s'agit là d'un domaine que je commence à connaître, mais il en va de même pour tout. Pour avoir un peu étudié le sujet, le monde de la musique n'est pas beaucoup plus clément, et pourrit de plus en plus tandis que les années avancent. Pour un artiste, le vrai challenge n'est pas de finir une œuvre, mais de signer un contrat, lesquels se révèlent sinueux, bourrés de petits pièges afin que l'artiste, le véritable ayant droit, se retrouve dépossédé du plus de biens possibles, et que les gros requins que sont les organismes de production s'en mettent plein les poches.
Là dessus, que peut-on faire ? Pas grand chose malheureusement. Depuis le début du capitalisme, les lobbys économiques ont eu tendance à tout écraser sur leur passage. Rangez vos fourches et vos torches, gueuler au scandale ne fera malheureusement pas reculer ceux qui s'enrichissent. Cependant, si en tant qu'internaute assis dans son fauteuil - ou vautré dans son lit - on ne sait pas faire grand chose, il nous reste néanmoins la possibilité de soutenir les véritables artistes, selon nos possibilités. Pour en revenir à Youtube, je ne pense pas qu'il soit possible pour les youtubeurs de changer de plateforme : cela leur ferait perdre un énorme public, un potentiel d'écoute également, sans compter que c'est pas forcément mieux ailleurs (pitié, ne me parlez pas de Dailymotion, de un ils sont bien pires niveau restriction, de deux les vidéos laguent à mort chez moi). Montrez aux créateurs tout votre soutient, parler de ce problème autour de vous, peut-être que tous ensemble nous finiront par trouver une solution simple, et efficace. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire